J'avance a tatillons dans la pénombre, je ne sais pas trop ou je suis, la pièce sent le rance, l'odeur est forte, elle remplit petit a petit ma bouche de sa saveur... répugnant !
Un store cassé dispense de maigres rayons de soleil poussiéreux, les petites particules volent et dansent autour de moi, il y en a partout, ils devienent une sorte de masse épaisse et mouvante rendant la pénombre pesante, voilant le mince tapis de lumière déjà... inutil.
J'avance toujours, me cognant dans des meubles que je distingue a peine, ou que je distingue trop tard quand mes genoux déjà douloureux viennent a leur rencontre, je me prends le coin d'une table lourde et massive dans les reins, c'est douloureux, je m'arrête, prends appuie pour reprendre mon souffle, la douleur est sourde et insistante, le dos courbé, les poings serrés sur cette table, haletante, suffoquante, cette scène doit être un spectacle assez... pitoyable.
Mes poings se désserent au fur et a mesure que la douleur tend a disparaître comme la lumière du jour peu a peu remplacée par la paleure orangeâtre des réverbères du dehors. Mes doigts commencent a explorer timidement la table... Mais bon dieu ? Ou suis je ?
Le bout douloureux de mes doigts rencontre des surfaces froides, je reconnais le contact d'une bouteille en verre, je l'attire doucement a moi, de l'alcool, la bouteille est vide, je la repose, en trouve une autre et une autre et encore une autre, toutes désespérement...vides.
Je continues l'exploration des surfaces, je rencontre des petits tubes, beaucoup de petits tubes, énormément de petits tubes, tous fort différents les uns des autres, je les secoue un a un, les ouvre, regarde le contenu, des cachets, une myriade de cachets, rouges, roses, violets, verts, bleus, un arc en ciel de couleurs, un arc en ciel de cachets, c'est beau, je ne peux m'empêcher durant ma contemplation de penser a la personne habitant ici, elle doit être, pour prendre tout ces pilules fort malade, fort... faible.
Je m'émerveille de longues minutes devant un cadre trouvé au hasard de mes recherches tatonantes, une famille, unie, qu'ils sont beaux tous, les uns près des autres serrés, comme près a s'aider dans toutes les situations, comme près a céder.. le cadre s'échappe de mains, s'ecrase sur le sol dans un bruit délicat de verre que l'on casse, je n'ai pas fait exprès, pardon, le cadre, la famille git maintenant sur le sol... brisée.
Je suis gênée, j'ai honte, que va dire le propriétaire ? Mes doigts reprennent leur course indiscrète, heurtent quelque chose de tranchant, de brillant, je le saisis habillement, un couteau la lame est éffilée, je suis comme fascinée, je ne fais pas attention, jouant avec la lumière, le couteau glisse, tombe a mes pieds sur le cadre, me faisant au passage une estafilade, une légère entaille au poignet droit, mes yeux deviennent larmoyant, je n'ai pourtant pas vraiment mal, c'est une éraflure, un bête accident, une maladresse...stupide.
Dans le silence de la nuit, une voiture passe, la lumière de ses phares passe par le store, elle m'éblouit et éblouit la pièce, je repère tout au fond, à gauche de la porte un grand miroir, imposant, impressionant, je m'en rapproche a pas feutré, essaye de ne plus rien bousculer, j'ai déjà assez dérangé pour aujourd'hui. Une fois enface de la glace, je reste tétanisée, c'est troublant, inquiétant.
Une femme me regarde, ses yeux sont éteins, cernés, sa peau est blanche, un fin sourir sur ses lèvres pâles, elle est belle, une beauté fantomatique, transparente, obsédente, chimérique, divagante... Je la regarde un bon moment, avant d'apercevoir le long de sa main droite, rejoignant le sol, un mince filet de sang...Plic Ploc... Beauté terrifiante... C'est moi que j'aperçois... ce fantôme c'est moi et je suis dans ma chambre... Qui suis je ? Répugnante, Inutile, Pitoyable, Vide, Faible, Brisée, Stupide...
La porte, vite, j'ettouffe, vite, je suffoque, vite, de l'air, vite... vite... Il faut que je prenne la fuite, il faut que je m'abandonne...VITE !
Je t'aime ma belle tu sais.